Nous voici déjà à l’approche de Noël 2022, et voici quelques nouvelles et regards sur nos petits vergers et la campagne alentour.
Nous avons eu la joie, les 8 et 9 octobre, d’accueillir 5 de nos amis et soutiens du verger. micro-cueillette, dégustation des premières Reinettes Clochard, découverte de premières pommes Châtaignier, et même quelques pommes Api Rouge, les fameuses pommes d’api. Occasions de parler du vaste monde d’avant et d’après, en ayant sous les yeux et sous les semelles le ciel et la terre.
Depuis l’automne nous poursuivons les travaux d’entretien et de prévention du verger. La taille sera préparée début janvier avec le passage d’un conseiller bio qui s’intéresse à notre verger alternatif
Pendant ce temps, la profession des arboriculteurs en pommes continue d’être inquiète. Les prix sont en repli de 10 % par rapport à l’an passé et les coûts en hausse de 20 % en moyenne. En effet, les producteurs du sud de la France vendent beaucoup depuis la récolte pour limiter le cout énergétique en 2023. Pour des métiers, où l’excellence industrielle est de gagner des centimes au Kg, il y a une situation inédite. Il ne s’agit pas seulement d’une surproduction, mais il pourrait bien s’agir d’un changement de paradigme sans solution.
L’électricité est utilisée pour les chambres froides dont l’atmosphère contrôlée permet de conserver les fruits plusieurs mois et jusqu’à l’été pour certaines variétés. Cela dépend aussi de la qualité de production. En fin de cueillette cette année, les arboriculteurs ont été particulièrement affectés par des oiseaux et les frelons. Qu’une pomme abimée échappe à la vigilance d’un cueilleur et c’est plusieurs kilos ou dizaines de kg qui peuvent être perdus durant le stockage.
On a donc pas fini d’entendre parler d’énergie dans l’agriculture. Toute la chaine consomme. Les engrais, la production, le stockage, le transport.
A propos des oiseaux, nous vous avions dit que nous avions été à la Boulinière sacrément gênés par des pies et corbeaux en particulier. Nous avons découvert récemment que s’installait maintenant un nouveau métier, celui d’effaroucheur. Des oiseaux de proie -Grand Ducs, Buses…- sont lâchés chaque jour pendant un mois pour repousser ailleurs les oiseaux envahisseurs. Mais le coût est élevé. Donc, je pense plutôt investir dans quelques pièges à Pie et Corbeau pour intervenir au bon moment et commencer à apprendre à protéger les pommes.
Voici quelques autres nouvelles ou étonnements de ces dernières semaines.
Nous vous avions sollicités pour l’orientation à donner sur un champ de 3 hectares récupéré le 1° octobre. Depuis une vingtaine d’années, ce champ était seulement utilisé pour du pacage de vaches l’été. Il y a donc de l’azote, mais aussi un sol un peu tassé, et le sur-paturage nous a permis de faire un semis direct de Ray Gras italien et de trèfles violet, en bio. L’objectif est de réaliser un meilleur rendement de foin, de régénérer la prairie avant de faire un choix cultural dans un an ou deux. La déclaration bio ayant été faite pour le 1° avril dernier, il sera possible de récolter en bio à partir de l’été 2024 si les semis ont lieu après le 1° avril, pour un semis de printemps donc. Ce que l’on pourra faire n’est pas encore calé, mais sur 2 hectares seulement car le reste est trop en pente – risque pour l’exploitation et aussi que les pluies n’entrainent la terre. Sur cette partie, il faudra sans doute planter des arbres et s’en occuper aussi. Dans le 79, on estime que la surface de friches boisées augmente chaque année de 5 %. En effet, les champs cultivables sont utilisés pour produire des céréales ou de la nourriture pour les animaux et beaucoup de petites surfaces peu accessibles - coteaux, terres marécageuses… - , difficiles à entretenir sont peu à peu abandonnées, ronces et fougères arrivent, puis une forêt naturelle se reconstitue et les sangliers y prolifèrent. Bon pour la biodiversité peut-être. Il ne me parait pas improbable que l'on assiste un jour au retour du loup
Echange récent avec un jeune agriculteur de notre gâtine. Brillant éleveur de bovins pour la viande. Il était en bio mais a arrêté le bio car son activité étant mixte -pour partie bio et pour partie « conventionnelle »- il trouvait trop contraignant les contrôles. J’évoque un petit champ que l’on voit à l’horizon, grillé par le glyphosate avant que la terre soit retournée pour de futurs semis. Il hausse les épaules et me dit fièrement qu’il fait maintenant du semis sous couvert végétal, impensable sans glyphosate, dont « le dosage à l’hectare est très faible », et que cela a aussi l’avantage de « ne plus voir le passage du glyphosate ». On ne peut pas dire que la conversion initiale au bio était totalement sincère…
La campagne depuis quelques années s'est couverte d'immenses batiments agricoles justifiés surtout pour la production photovoltaique. Des promesses de rentabilité à des agrictulteurs inquiets de leurs futures retraites. Au prix d'investissements dont le dispositif de démantelement à terme ne parait pas assuré.
Pour notre part, disposant de toitures bien orientées, nous avons fini par regarder si un investissement personnel pour des panneaux photovolaïques en autoconsommation serait pertinent. Ils ne produisent de l’énergie que le jour et principalement d’avril à septembre. Des systèmes de batterie sont maintenant proposés mais sont chers et peu durables - 7 ans environ. Les panneaux, fabriqués pour l’essentiel en Chine, produisent une électricité dont le cout initial ne sera jamais compensé. A notre connaissance, une seule entreprise en France réussit à obtenir un bénéfice carbone annoncé à partir de la septième année. De surcroît, elle est nantaise, www.systovi.com . Il est tout de même curieux qu’autant d’argent public soit mis pour produire une électricité décarboné chez nous mais dont le bilan planétaire est négatif.
En Gâtine, nous avons aussi eu l’occasion de rencontrer des retraités engagés qui ont voulu au maximum être autonome en électricité et ils le sont à presque 70 % en alliant une micro-éolienne, des panneaux solaires et des batteries. Mais il s’agit d’un choix peu rationnel pour l’instant au plan économique.
Nous voudrions encore vous donner à voir une réalité locale. Notre commune, Vernoux-en-Gâtine, est située entre l’Absie et Secondigny, un axe d’une dizaine de km. Sur cet axe, 2 « radars » mobiles sont installés. Les 2 sont régulièrement mis Hors - Service et on ne sait par qui. C’est tout de même le signe que notre campagne et sans doute beaucoup de « campagnes » ne comprennent pas bien la façon dont elles sont gouvernées depuis Paris. Et récemment des milliers de volailles saines on encore été abattues car la grippe aviaire est toujours présente, suscitant incompréhension, désarroi et tristesse.
Nous vous souhaitons un joyeux Noël. Merci de parler de notre petit projet à vos amis de la terre. Notre nouvelle formule d'abonnement démarre à 5 € et vous le savez, notre joie est de rencontrer nos amis du verger et de vous donner à partager notre petit coin de terre.